De quoi les papillons ont-ils besoin? Tout comme nous, il leur faut de la nourriture, des abris, de la chaleur et un endroit où leur famille puisse vivre.

De la nourriture

Un papillon recherche des plantes capables de lui procurer le nectar dont il a besoin comme source d’énergie pour voler, pour continuer à trouver du nectar, trouver un(e) partenaire, surveiller et repousser les intrus, et trouver l’endroit idéal où pondre ses œufs.

Les papillons ont aussi besoin de minéraux, qu’ils trouvent dans la terre humide, le sable ou le fumier. Après la pluie, il est fréquent de voir des Papilio glaucus autour d’une flaque de boue sur une route de terre, faisant le plein de sels minéraux.

Les papillons ont une préférence marquée pour les inflorescences plates, en ombelles, en cônes ou pointues. Ces fleurs sont en fait formées d’une multitude de toutes petites fleurs dont chacune peut être « visitée » sans avoir trop à se déplacer, donc sans dépenser une précieuse énergie.

Des abris

Pour les papillons, le jardin idéal est en plein soleil et abrité du vent. En effet, il leur faut se réchauffer après la froidure de la nuit. On les voit rarement avant le milieu de la matinée. Ils n’arrivent que quand le soleil a déjà bien réchauffé le jardin et que ses rayons peuvent leur apporter un peu de chaleur.

Des pierres, qui peuvent être chauffées par le soleil, seront des haltes bienvenues pour des papillons obligés de recharger souvent leurs batteries.

Organiser un jardin

La plupart de nos jardins n’offrent pas d’endroit idéal. Choisissez simplement l’endroit le plus ensoleillé de votre terrain, plantez-y de bonnes plantes nectarifères et les papillons viendront. Toutes les plantes que nous vous proposons plus bas sont rustiques et ne demandent aucun soin particulier.

Les eupatoires et l’Asclepia incarnate supportent très bien des conditions sèches même si elle préfèrent un sol humide.

Les violettes sont parmi les premières plantes nectarifères à fleurir, suivies des Arabis ou arabettes, des myosotis, de la ciboulette, de la julienne, et des œillets. Avec l’été arrivent les achillées, les marguerites, les guimauves, les asclépiades, les échinacées, et les rudbeckies. Enfin, les eupatoires, les verges d’or, et les asters persistent jusqu’à la fin de la saison.

Héberger des plantes

Les papillons ont besoin de plantes à nectar, mais aussi de plantes où pondre leurs œufs, afin que leurs larves trouvent de quoi se nourrir en sortant de l’œuf. Les chenilles passent tout leur temps à manger les feuilles de la plante hôte. Pour grandir, une chenille mue cinq à six fois, avant de se transformer en chrysalide. Enfin l’adulte apparaît et le cycle (de l’œuf à l’adulte) est bouclé, en un mois environ. Selon l’espèce et la météo, il peut y avoir plusieurs cycles en une année.

Les chenilles sont exigeantes. Chaque espèce de papillon a ses plantes hôtes préférées. La femelle cherchera donc la bonne plante pour pondre ses œufs. Vous verrez souvent un papillon « essayer » brièvement plusieurs feuilles avant de décider si la feuille sera une bonne source de nourriture pour sa descendance.

Beaucoup de plantes hôtes sont des arbres comme les bouleaux, les peupliers, les saules (voir liste plus bas). Il faudra vous assurer que ces arbres se trouvent déjà près de chez vous, ce qui est très souvent le cas.

Les deux catégories de plantes hôtes les plus courantes et les plus faciles à trouver sont les différents Asclépias pour les monarques et tous les membres de la famille des carottes comme le fenouil, l’aneth, le persil… pour les machaons noirs. Ces deux groupes de plantes sont aussi d’excellentes sources de nectar pour toutes sortes d’insectes, en particulier ceux qui nous débarrassent des insectes « nuisibles » de nos jardins en les mangeant ou en les parasitant.

Les violettes sont aussi des plantes intéressantes pour les fritillaires et les anaphales (pearly everlasting) pour la vanesse de Virginie. Si vous avez un grand jardin avec un coin bien retiré, vous pouvez aussi installer des orties pour le vulcain et des chardons pour les vanesses.

Vanesse des chardons sur julienne des dames © DGERobertson

La diversité

Plus vous aurez de variétés de plantes plus vous serez en mesure d’attirer des insectes, donc les papillons. Avec certaines plantes sauvages comme la carotte sauvage, la verge d’or ou la Rudbeckie hérissée (ou Marguerite jaune) dans votre jardin, vous mettez toutes les chances de votre coté. Si vous avez de l’herbe, vous pouvez faire venir une pelouse sauvage avec des renoncules rampantes, du thym et du trèfle.

Les aléa

Le nombre des papillons est en déclin du fait de nombreux facteurs. Les principaux étant le climat, les constructions et les pesticides. Des étés frais et humides ne sont pas l’idéal pour eux, mais les étés trop chauds et secs, qui limitent la croissance des plantes, leur sont tout aussi défavorables. Les papillons peuvent toutefois survivre à ces conditions extrêmes, mais pas aux pesticides ni à la perte de leurs habitats.

Pour participer à la restauration de la population et de la diversité des papillons, il nous faut recréer des habitats qui leur soient favorables. Chaque jardin planté pour accueillir les papillons est un îlot dont ils ont besoin. Plus il y aura de ces petits havres de paix, plus les papillons auront de chances de les trouver de les utiliser et de s’y reproduire. Si vous vous entendez avec vos voisins, vous pourrez contribuer, chacun pour une part, à la création d’un habitat un peu plus grand, favorable à plusieurs espèces.

Des plantes pour les papillons

Sources de nectar (* = les meilleurs; A = annuelle; V = vivace; B = buisson, arbuste)

  • Achillea spp. — achilée millefeuille (V)
  • Agastache spp. — agastache (V)
  • Ageratum — agérate (A)
  • Allium schoenoprasum — ciboulette (V)
  • Anaphalis margaritacea — anaphales (V)
  • *Anethum graveolens — aneth (A)
  • *Arabis (V)
  • *Asclepias incarnata — asclepia incarnate (V)
  • *Asclepias tuberosa — asclepia tubéreuse (V)
  • *Aster spp. (V)
  • Aubreta — aubriète (V)
  • *Buddleia — butterfly bush (B)
  • Centaurea montana — centaurée (V)
  • Centranthus ruber — valériane rouge (V)
  • Chrysanthemum spp. — marguerites (V)
  • Coreopsis (P)
  • Cosmos (A)
  • *Daucus carota — carotte sauvage (V)
  • Dianthus spp. — œillets (V)
  • Dipsacus sylvestris — chardon à foulons (V)
  • *Echinacea — échinacées, rudbekie (V)
  • Echinops — chardon bleu (V)
  • *Eupatorium spp. — eupatoires (V)
  • *Euphorbia variegata — euphorbe panachée (A)
  • *Foeniculum vulgare — fenouil (A)
  • Heliopsis (P)
  • Heliotropium arborescens — héliotrope (A)
  • *Iberis umbellata — ibéris en ombelle (A)
  • *Lantana (A)
  • Liatris spp. — plume du Kansas, liatride en épis (V)
  • Ligustrum amurense — troène commun (Sh)
  • Lupinus spp. — lupins (V)
  • Malva spp. — mauve (V)
  • Monarda spp. — monardes, bergamotes (V)
  • Myosotis spp. — myosotis (V)
  • Nepeta mussinii — catmint (V)
  • *Petroselinum crispum — persil (V)
  • Phlox paniculata, P. maculata (P)
  • Rudbeckia spp. — rudbeckie ou grande marguerite jaune (V)
  • Salvia farinacea sauge (A)
  • *Scabiosa caucasica — scabieuse (V)
  • *Sedum spectabile (V)
  • Silene armeria — silène (A)
  • *Solidago spp. — verge d’or (V)
  • Syringa spp. — lilas (B)
  • Tagetes patula — oeillet d’Inde (A)
  • Tithonia — tithonia (A)
  • *Verbena bonariensis — verveine du Brésil (A)
  • Veronica spp. — véroniques (V)
  • Viola spp. — violettes (V)
  • Zinnia (A)

Plante hôte pour les larves

  • Vulcain — orties
  • Amiral — bouleau, saule, peuplier, aubépine
  • Azur printanier — cornouiller, viburnes, bleuets, spirées
  • Bleu argenté — lupins, vesces
  • Satyre ocellé — sedges
  • Argynne cybèle — violettes
  • Porte-queue du chêne — chênes, noisetiers, noyers
  • Monarque — asclépiades (milkweeds)
  • Morio — saules, spirées, ormes, peupliers
  • Belle dame, vanesse — chardons, asters, mauves
  • Vanesse de Virginie — immortelle blanches, pieds de chat
  • Polygone à queue violacée —- orties, ormes, houblon, micocouliers
  • Hespérie des graminées — Phléole des prés (timothy)
  • Hespérie de Peck — herbes
  • Hespérie marginée — herbes
  • Coliade — trèfle, luzerne
  • Coliade de la luzerne — luzerne, trèfle
  • Grand porte queue — famille des carottes sauvages, rue
  • Papilio Glaucus — bouleaux, saules, frênes, prunus sp.
  • Grande vanesse — bouleaux, saules
  • Vice-roi — saules, peupliers, pommiers, prunus sp.
  • Piéride du chou — moutarde, chou, capucines
  • Satyre des prés — herbes

Références

  • Audubon Society. 1981. Field guide to North American butterflies. Alfred A. Knopf.
  • Layberry, R.A., J.D. Lafontaine, and Peter W. Hall. 1982. Butterflies of the Ottawa district. Trail & Landscape, 16(1).
  • Opler, Paul A., and Vichai Malikul. 1992. Peterson field guides: eastern butterflies. Houghton Mifflin, New York.
  • Pyle, Robert Michael. 1992. Handbook for Butterfly Watchers. Houghton Mifflin.
  • Stokes, Donald, Lillian Stokes, and Ernest Williams. 1991. The butterfly book: an easy guide to butterfly gardening, identification and behavior. Little Brown and Co.
  • Tekulsky, Matthew. 1985. The butterfly garden. Harvard Common Press.

Autres ressources

en haut

Mise à jour de la page : le 17 août 2014
© Jardin écologique Fletcher
Texte : Gillian Boyd
Traduction : Nicole Gourret
Photos : Kim Loenhart (Amiral) et Claudia Burns (Monarque)
Courriel